TERRITOIRE ET BIODIVERSITEENTREPRISE ET BIODIVERSITELes toitures végétalisées: quand la nature reconquiert la ville

18 octobre 2021

L’imperméabilisation des sols en ville et ses conséquences

Ce n’est un secret pour personne, nos villes sont faites d’asphalte et de béton. Ces matériaux imperméables sont très largement utilisés pour la création de nos routes, parkings, bâtiments et autres constructions. Ils sont néanmoins à l’origine de nombreux problèmes dont celui indéniable de la perte de biodiversité en milieu urbain et semi-urbain.

ensemble de toitures vertes
un sol forestier

Les fonctions du sol pour la biodiversité

Le sol remplit de nombreuses fonctions indispensables et est très sensible à l’action anthropique:

  • Il est source de biodiversité : il abrite en effet de nombreuses espèces animales (insectes, vers, …), ainsi que de nombreuses espèces de bactéries et de champignons indispensables au processus de décomposition et au recyclage de la matière organique.
  • Il occupe une fonction de support pour les végétaux (arbres, haies, …) tout en leur fournissant les nutriments nécessaires à leur croissance.
  • Il est indispensable à la vie animale : les végétaux qui s’y développent offrent un abri, de la nourriture et des zones de repos à de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux et de mammifères.
  • Il absorbe, filtre et stocke l’eau de pluie : lorsqu’il pleut, les plantes absorbent directement une partie de l’eau. Le reste s’infiltre dans le sol qui joue le rôle de réservoir pour les jours plus secs.
  • Il absorbe et stocke du CO2 atmosphérique via l’enfouissement de la matière organique et sa transformation par les micro-organismes.

L’imperméabilisation des sols modifie et limite fortement ces différentes fonctions. Les organismes vivants présents dans le sol sont privés d’eau, d’oxygène et de nourriture. Les végétaux disparaissent et les animaux se déplacent dans des zones plus accueillantes. Les eaux de pluie ne sont plus absorbées et leur ruissellement entraîne d’autres problèmes, comme un risque accru d’inondation, des nappes souterraines moins alimentées ou encore la pollution de nos cours d’eau.

Les toitures végétalisées, une solution pour recréer des zones perméables en ville

Pour réduire l’impact de l’artificialisation des sols et contribuer au maintien de la biodiversité en ville, les toits végétaux sont une solution intéressante. Ce sont des lieux de vie à part entière, avec des conditions bien particulières qui permettent le développement d’une végétation spécifique, jouant un rôle essentiel dans le développement d’espèces animales comme les invertébrés. Ils permettent de réintégrer la nature dans le bâti, tout en nous fournissant des services écosystémiques.

imperméabilisation des sols en ville
différents types types de toitures végétalisées

Les différents types de toitures végétalisées

La classification des toits végétaux est principalement basée sur l’épaisseur du substrat qui sera installé et qui servira de support au développement des plantes.

Les toitures extensives

La profondeur du substrat est inférieure à 15 cm (elle se situe généralement entre 5 et 8 cm) et les végétaux sont plantés. En Belgique, comme partout en Europe, ce sont les types de toitures que l’on retrouve le plus. Faciles à installer, leur entretien est également très simple puisque l’eau de pluie suffit à leur bien-être (sauf dans les zones extrêmement sèches). Ils présentent également l’avantage d’un faible coût et d’un poids léger.

En règle générale, les végétaux que l’on retrouve sur ces toits sont : des mousses et lichens, des plantes grasses (sédums) et des plantes xérophiles. Ils accueillent une biodiversité particulière, mais limitée.

Les toitures semi-intensives

La hauteur du substrat se situe entre 15 et 30 cm et les végétaux sont plantés par l’Homme. Idéal pour créer une toiture terrasse, ce type de toit demande néanmoins davantage d’entretien et un arrosage régulier.

Les végétaux les plus souvent utilisés sont proches de ceux que l’on retrouve dans un jardin traditionnel. Savant mélange entre plantes rasantes et plantes montantes, on peut y trouver de la lavande, du thym, des iris, stipa, etc.

Les toitures intensives

L’épaisseur du substrat est supérieure à 30 cm et les espèces végétales sont plantées à la main. On parle ici de véritable jardin sur le toit : on peut effectivement y planter de l’herbe, des plantes, des arbustes, … Il demande néanmoins un entretien important et le toit doit également être capable de supporter une charge lourde.

Comment réintroduire la biodiversité avec les toits végétaux?

Si les toitures végétalisées se retrouvent partout dans le monde, on constate néanmoins que les toits végétaux extensifs sont une grande majorité. Plus faciles à mettre en œuvre grâce à leurs procédures standardisées, ils rencontrent donc un franc succès.

La solution pour parvenir à ramener une belle diversité en ville semble néanmoins de combiner les différents types de toitures existantes. Chacune d’elles, en effet, ayant ses propres spécificités en matière d’espèces animales et végétales.

L’étude GROOVES de l’Agence Régionale de la Biodiversité en Île-de-France

Entre 2017 et 2019, l’ARB îdF a réalisé une étude sur 36 toitures végétalisées dans le Grand Paris. La sélection des toits s’est notamment basée sur la répartition des différents types de végétalisation identifiés (extensive, intensive ou semi-intensive).

un papillon Belle Dame sur un sedum
une toiture extensive

D’une manière générale, l’étude démontre que malgré le milieu inhospitalier dans lequel elles évoluent (pollution, espace limité, îlot de chaleur, …), les espèces présentes sur ces toitures font preuve d’une grande capacité d’adaptation et de colonisation. Elle soulève également quelques points intéressants sur les spécificités de chaque toiture, dont notamment :

  • Les toitures extensives (dites aussi sédums) accueillent davantage d’espèces menacées et moins de néophytes invasives.
  • Les toitures intensives permettent une plus grande richesse floristique.
  • En matière de rétention des eaux de pluie, il a été montré que les toits intensifs sont particulièrement efficaces.
  • Pour ce qui est de la faune, on constate également que les toitures intensives favorisent davantage l’installation d’espèces animales.

 Pourquoi est-ce que c’est tellement important ?

Au-delà de l’esthétisme qu’apportent ces toits verts et de leur intérêt pour la biodiversité, ils sont également utiles pour les nombreux services écosystémiques qu’ils nous rendent. En voici quelques-uns importants à souligner :

  • Une toiture végétalisée permet une meilleure rétention de l’eau de pluie, notamment sur les toits plats : l’eau est retenue et évacuée lentement, réduisant ainsi les risques d’inondation liés à une saturation des systèmes d’évacuation.
  • Ilot de fraîcheur : les plantes sont particulièrement efficaces pour rafraîchir l’air lors de fortes chaleurs (jusqu’à 8°C). En cas de canicule, elles participent donc à offrir des endroits plus frais en milieu urbain.
  • Pollinisation : une toiture végétalisée est le lieu de prédilection des insectes, dont les insectes pollinisateurs qui retrouvent enfin une place en ville.
  • Pollution : un toit vert travaille également à la réduction des émissions de CO2 et à l’amélioration de la qualité de l’air.
  • Habitat complémentaire : ces toitures offrent un refuge à différentes espèces animales, telles que les invertébrés mais aussi les oiseaux, insectes, etc.

Si les toitures végétalisées sont un moyen d’augmenter la biodiversité en milieu urbain et semi-urbain, ils ne sont pas les seuls. Découvrez-en davantage dans notre article dédié à la biodiversité urbaine.

des arbres sur un toit