Les animaux en milieu urbain : nouveaux citadins de nos rues

28 janvier 2022

Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville, selon la Banque mondiale. Et d’ici 2050, le nombre de citadins devrait encore doubler. Face à une telle progression urbaine, il va de soi que les animaux ont dû s’adapter. Certains ont tellement bien réussi qu’ils sont, en quelque sorte, devenus de vrais citadins.

Dans cet article, nous nous penchons sur les espèces animales qui vivent en ville en Belgique. Nous verrons comment elles s’y sont développées et, surtout, quels sont les enjeux liés à ces évolutions.

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 A l’origine de la création des villes

Historiquement, l’homme, espèce sociale par excellence, a un jour abandonné le nomadisme pour s’installer en des lieux fixes. A cette époque, le développement de l’agriculture et la domestication animale permettent aux individus de se rassembler dans des villages. C’est ainsi que des communautés se créent. Elles sont organisées autour de services et d’activités diverses et sont régies par différents pouvoirs.

Petit à petit, les villages s’étendent et deviennent des villes. Avec le temps, ces dernières s’organisent en quartiers, selon les statuts des habitants. Des fortifications sont alors construites. Plus tard, sous l’influence des Romains et de leurs innovations, notamment concernant l’hygiène et l’assainissement, la ville continue à se transformer.

A l’ère industrielle, la démographie explose. Les fortifications sont détruites afin d’accueillir de nouveaux quartiers. Certains matériaux, comme le béton, le verre, la fonte et le fer font leur entrée. La ville est donc une création artificielle, considérée comme le domaine des hommes. Pourtant, elle abrite aussi d’autres êtres vivants.

La ville, lieu hostile à la vie de l’animal?

Les caractéristiques urbaines peu propices au développement animal

L’espace urbain possède ses propres caractéristiques : des températures plus élevées, un sol artificiel, imperméable et déstructuré, une luminosité quasi permanente, une pollution sonore, ainsi qu’une pollution due aux émissions de différents gaz (trafic routier, activités industrielles, chauffage,…).

Les centres-villes à forte concentration humaine constituent un microclimat peu accueillant. L’animal et la nature ne disposent que de peu de place pour se développer. Aussi, la faune et la flore ont bien des difficultés à s’installer et à trouver de quoi se nourrir.

De plus, l’urbanisation entraîne une fragmentation de l’espace, ne serait-ce que par le biais des routes. Ce morcellement peut empêcher certaines espèces sauvages de se déplacer comme elles le faisaient auparavant, ce qui les fragilise.

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Les capacités d’adaptation des animaux à l’espace urbain

Malgré tout, certains animaux ont fait preuve d’une capacité d’adaptation élevée à leur environnement. C’est ce qui s’appelle scientifiquement la plasticité phénotypique. Ils sont parvenus à ajuster leur comportement et leur morphologie aux ressources disponibles dans leur espace de vie.

Cette adaptation leur procure un avantage de survie ou de reproduction. Les animaux vivant en zone urbaine, agricole ou en forêt n’auront, en effet, pas accès aux mêmes ressources et ne seront pas exposés au même stress.

La verdurisation des espaces pour favoriser la vie animale

Pour redorer un peu le blason de nos cités, notons qu’elles ont, toutefois, évolué. Désormais, elles consacrent davantage de place aux espaces verts tels que les terrains vagues, les parcs et jardins, ou les toitures végétalisées. Ces démarches ont permis d’apporter des ressources alimentaires et des abris pour les animaux.

Ceux-ci sont principalement des espèces généralistes capables d’exploiter une large gamme de ressources. En outre, en intégrant la ville, certains animaux vont modifier leur comportement alimentaire. Ainsi, par exemple, certains faucons vont chasser les moineaux, les renards vont consommer des ordures,… Penchons-nous, à présent, sur quelques nouveaux habitants de nos cités.

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Zoom sur quelques animaux présents en ville

Les oiseaux

Certains groupes d’animaux sont plus visibles que d’autres. C’est le cas des oiseaux comme le pigeon (biset et domestique), le moineau, l’étourneau, la mésange, le merle et le martinet, mais aussi l’hirondelle ainsi que les faucons crécerelle et pèlerin. Certaines races exotiques, telles que la perruche à collier, ont également profité des conditions d’accueil de la ville.

Les mammifères

Quelques mammifères se sont également adaptés aux conditions dans la ville.

Parmi eux, citons le renard. Moins farouche qu’auparavant, cet animal peut s’approcher pour fouiller les poubelles. Il peut parfois même s’installer dans les parcs et jardins.

Par ailleurs, la prolifération des chats en ville engendre des conséquences puisqu’ils sont connus pour être de grands chasseurs. Selon une étude britannique parue en novembre 2020, la chasse effectuée par les chats domestiques a un impact important. Ils seraient impliqués dans l’extinction d’au moins 2 espèces de reptiles, 21 de mammifères et 40 d’oiseaux.

Enfin, pensons aussi aux hérissons, fouines, écureuils, rats, souris et chauve-souris qui vivent également dans nos villes.

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Les insectes

On peut également ajouter aux animaux de la ville les arthropodes, dont font partie les insectes. Les arthropodes regroupent des animaux possédant un corps à plusieurs segments articulés, tels que les araignées. Parmi les insectes, citons les papillons ainsi que les abeilles sauvages et domestiques. Certaines études démontrent que l’intensification de l’agriculture peut mener les insectes à se réfugier dans les espaces verts des zones urbaines.

Notons qu’il est essentiel de rester attentif à l’évolution de la faune et de la flore en ville.

L’impact de certains animaux sur la biodiversité urbaine

En effet, l’être humain, par ses voyages et intérêts, occasionne, volontairement ou non, le transfert d’animaux d’une région du monde à l’autre.

De ce fait, les villes sont les premières zones où les animaux exotiques atterrissent. Celles-ci y trouvent des conditions favorables à leur prolifération. Or, les EEE (espèces exotiques envahissantes) constituent la deuxième cause de perte de biodiversité à l’échelle mondiale. En effet, elles se développent en modifiant l’écosystème naturel et peuvent, ainsi, impacter la vie de la faune locale.

Citons le cas du raton-laveur qui a, au départ, été importé d’Amérique du Nord vers l’Europe pour sa fourrure. Omnivore, il entre en compétition avec d’autres espèces et perturbe ainsi les écosystèmes. Il peut, en outre, véhiculer certaines maladies.

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Le lien nécessaire entre la vie en ville et le développement animal

En conclusion, la ville actuelle peut se concevoir comme un écosystème spécifique, avec son propre cycle de l’eau, du carbone et de nutriments. Les infrastructures et les différentes architectures donnent finalement à la nature une multitude d’abris divers.

Aujourd’hui, nous constatons une réelle évolution des mentalités. La société doit mettre ses évolutions en lien avec l’écologie. Il est essentiel d’accorder une place importante à la protection de la nature et des écosystèmes. Il est également primordial de maintenir une cohérence dans les chaînes alimentaires, d’éviter l’importation d’espèces non indigènes et… de surveiller votre chat !