Évaluation de l’apport de l’agroécologie sur la biodiversité du sol

Contexte de l’étude

Avec près de 25 % de la biodiversité terrestre, les sols sont le théâtre de multiples interactions qui influencent la qualité du sol, la disponibilité en ressources ou encore le stockage de carbone. La compréhension de ces écosystèmes complexes représente de réels enjeux, notamment en agriculture où ces paramètres peuvent fortement influencer la production.

C’est d’ailleurs l’un des fondements de l’agroécologie, branche de l’agronomie prônant l’importance des connaissances de l’écologie scientifique dans la production agricole.

À ce titre, le Domaine de Graux, située à Tournai, a sollicité E-BIOM dans l’intention d’évaluer la biodiversité de ses sols et de la comparer avec celle de sols issus de l’agriculture conventionnelle. Cette analyse s’inscrit dans la mission du Domaine, de prouver que l’agroécologie est possible à grande échelle et offre une meilleure résilience aux agriculteurs. Et cela passe indéniablement par la qualité et la santé des sols.

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Echantillonnage et relevés

Pour mener à bien cette étude, E-BIOM a employé son Kit Sol, un kit d’échantillonnage permettant d’analyser la biodiversité des sols par la méthode de l’ADN environnemental.

Dans la pratique, l’étude s’est intéressée au taux de matière organique (MO) et à la biomasse moléculaire microbienne (BMM), deux paramètres représentatifs de la diversité biologique des sols. Pour ce faire, des échantillons de sol ont été prélevés sur les parcelles du Domaine de Graux ainsi que sur des parcelles aux alentours mais en dehors du domaine.

Ainsi, l’étude avait pour objectifs de :

  • Quantifier la corrélation entre le taux de MO et BMM.
  • Quantifier l’impact du type d’agriculture sur le taux de MO et la BMM.
  • Quantifier l’impact du type d’utilisation du sol sur le taux de MO et la BMM.

L’usage du sol a été relevé pour chacune d’elles en vue d’évaluer en parallèle son influence sur la biodiversité des sols et tenir compte des potentielles interactions. Parmi ces usages figuraient diverses cultures (froment, maïs, luzerne, etc.) ainsi que des prairies permanentes et des forêts. Résultats

Correlation MO & BBM

Le taux de matière organique (MO), mesuré pour l’ensemble des échantillons, variait entre 2.47% et 6.91% alors que la Biomasse Moléculaire Microbienne (BMM) des échantillons quantifiables variait entre 1.3 et 33.1μg d’ADN/g de sol sec. Une corrélation de 55% a pu être observée entre le taux de MO et la BMM ; corrélation confirmée par la littérature scientifique puisque le taux de MO est l’un des facteurs influençant le plus la BMM.

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Impact du type d’agriculture

Les échantillons prélevés en prairie permanente et en forêt affichent les valeurs de MO et de BMM les plus élevée ; ce qui est logiquement expliqué par l’absence de perturbation du sol comparativement aux cultures.

En se focalisant sur les échantillons issus des différentes cultures, il apparait que l’agroécologie a un impact positif significatif sur le taux de matière organique et sur la biomasse moléculaire microbienne. En effet, le taux de MO dans le sol est près de 1,3 fois supérieure dans les cultures agroécologiques et la BMM près de 8,5 fois.

Ces valeurs sont toutefois issues d’un nombre limité d’échantillons. Un plus grand nombre permettrait d’affiner les résultats et de quantifier plus précisément la plus-value de l’agroécologie.

Impact de l’usage du sol

Outre le fait que les forêts et les prairies permanentes aient des taux de MO et de BMM plus élevé, le type de culture a également une influence. Les analyses montrent que les cultures avec une forte découverture du sol, telles que les cultures de maïs et de pommes de terre, tendent à avoir des valeurs plus basses.

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Conclusion

La pratique de l’agroécologie, telle que pratiquée par le Domaine de Graux, favorise significativement le taux de matière organique et la biomasse microbienne du sol, ce qui traduit une meilleure qualité biologique. Ainsi, les sols cultivés selon des principes agroécologiques abritent une biodiversité plus marquée, comparativement aux cultures conventionnelles.

De manière générale, cette étude fait ressortir des tendances qu’il serait pertinent d’approfondir à travers des analyses plus poussées : composition des communautés microbienne, ratio Champignons/Bactéries, etc. ; et en intégrant d’autres paramètres comme le pH, la texture et le niveau d’azote du sol.