Dans cet article, nos experts en écologie vous expliquent les impacts de la fragmentation et de la destruction des milieux naturels sur la biodiversité, mais aussi et surtout, comment y remédier en favorisant ce que nous appelons le maillage écologique (ou réseau écologique).
Une fragmentation toujours plus importante des habitats naturels
Ce n’est un secret pour personne, la perte de biodiversité est un problème mondial qui nécessite une attention urgente. Saviez-vous, en effet, que le rythme actuel d’extinction des espèces serait 100 à 1000 fois supérieur à leur taux naturel de disparition ? Des chiffres alarmants qui démontrent parfaitement l’urgence dans laquelle nous nous trouvons.
Si les facteurs du déclin de la biodiversité sont bien sûr nombreux, cet article aborde l’un d’entre eux spécifiquement : la fragmentation des écosystèmes. On parle de fragmentation lorsque les habitats naturels (bois, plaines, forêts, cours d’eau…) sont divisés en parcelles plus petites et isolées.
Lié aux activités humaines telles que l’urbanisation (construction de villes, de routes, d’ouvrages dans les cours d’eau) et l’agriculture intensive, ce morcellement impacte de manière significative les déplacements de la faune et de la flore, mettant en péril leur survie.
L’impact de la fragmentation des habitats naturels sur la biodiversité et ses déplacements
Un cycle de vie perturbé
Chaque espèce évolue dans un habitat naturel qui répond à l’ensemble de ses besoins. Ce dernier, en effet, se compose de différentes zones essentielles au cycle de vie de l’animal :
- Le domaine vital désigne la zone spatiale où vit l’espèce et qui permet de répondre à ses besoins primaires (se nourrir, se reproduire, se reposer…). Plusieurs populations animales peuvent évoluer et se côtoyer au sein de ce domaine.
- Le territoire, zone plus restreinte du domaine vital, désigne l’espace défendu par un individu contre toutes formes d’agression ou de compétition, même de la part de ses propres congénères.
- Le gîte, enfin, est une zone encore plus petite du territoire qui désigne l’espace où l’individu se repose et se cache.
Pour leur survie, les espèces doivent pouvoir se déplacer librement et en toute sécurité au sein de ces différentes zones. Pourtant, à cause de la fragmentation des milieux naturels, ces déplacements sont aujourd’hui de plus en plus entravés, ce qui impacte indéniablement le cycle de vie de ces espèces, incapables de se nourrir ou de se reproduire par exemple.
Un brassage génétique réduit
Déjà catastrophique pour les espèces et leur survie, l’impact de cette fragmentation ne se situe pourtant pas seulement au niveau des individus. Il se fait également ressentir au niveau des métapopulations et du brassage génétique qui s’en trouve diminué.
Pour comprendre ce que sont les métapopulations, il faut d’abord revenir sur la définition d’une population animale. Ce terme désigne l’ensemble des individus d’une même espèce qui vivent ensemble au même endroit, au même moment. Métapopulation, quant à lui, est un terme désignant différentes populations reliées entre elles par les migrations de certains individus.
Ces mouvements de population ont une importance capitale pour la biodiversité. Ils permettent un brassage génétique qui maintient une diversité au sein des espèces, leur donnant ainsi la capacité de résister aux changements de leur habitat et de mieux s’adapter. Ils permettent également d’éviter les problèmes de consanguinité et les dérives génétiques qui en découlent.
Une migration des espèces compliquée
Avec le changement climatique, on constate la migration de nombreuses espèces qui tentent de retrouver des conditions de vie idéales en se déplaçant vers de nouveaux biotopes. C’est pour cette raison d’ailleurs, que nous trouvons désormais davantage d’animaux provenant de climat tempéré chaud en Belgique. Citons, par exemple, la libellule écarlate ou encore l’argiope frelon.
La fragmentation des habitats naturels diminue cette capacité de migration des espèces, limitant le potentiel d’adaptation des espèces aux changements climatiques.
Le maillage écologique ou le maintien des continuités écologiques
Pour assurer la protection des animaux et des végétaux de nos régions, il est donc plus que temps de prendre en compte leurs besoins lors de l’aménagement du territoire et d’instaurer davantage de continuités écologiques.
Le maillage écologique : définition
Le maillage écologique s’articule autour de différentes réglementations et aides dont : la création de réserves et parcs naturels, la mise en œuvre de la Directive Européenne de l’Habitat via le réseau Natura 2000, les contrats de Rivière, l’aide à la plantation de haies (projet Yes We Plant)…
L’objectif est non seulement de cartographier et protéger les continuités écologiques existantes, mais aussi de les développer en en créant de nouvelles. Le tout dans le but de diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels et de restaurer ainsi les connexions naturelles du territoire.
Les différentes trames de l’aménagement paysager
Pour repenser ce lien entre l’environnement et les activités humaines, différents outils appelés trames ont été mis au point. Chacune d’elles cartographie un type d’espace écologique et les corridors qui les relient :
- La trame verte se constitue des grands espaces verts naturels (réserves, parcs, massifs forestiers…) et des corridors (haies, bosquets…) les reliant.
- La trame bleue, souvent directement reliée à la trame verte, désigne le réseau écologique constitué des cours d’eau, mares et zones humides.
- La trame brune s’applique au maintien de la pleine terre.
- La trame noire reprend les corridors écologiques sombres empruntés par les espèces nocturnes comme les chauves-souris, par exemple.
Comment renforcer le maillage écologique ?
Il existe de nombreuses solutions pour permettre le développement du maillage écologique. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que tous les acteurs du territoire ont un rôle à jouer dans cette mission, depuis l’Etat en passant par les collectivités locales, les entreprises et les citoyens.
En voici quelques-unes :
- Construire des passages à faune et à flore au-dessus des autoroutes.
- Favoriser les déplacements des animaux et plantes en milieu urbain en plantant des arbres, en créant des toitures végétalisées…
- Favoriser la nature dans son jardin en créant une mare naturelle, en plantant des plantes mellifères, en laissant des ouvertures dans les clôtures pour laisser passer les petits mammifères comme les hérissons…
- Planter des haies le long des routes de campagne ou pour délimiter les parcelles.
- Effacer les obstacles dans nos cours d’eau en construisant des passes à poissons.
- Intégrer la biodiversité sur le site de son entreprise, par exemple en optant pour une gestion différenciée des espaces verts.
Conclusion
Confrontés au déclin alarmant de la biodiversité, nous devons agir. En réduisant la fragmentation des habitats naturels et en favorisant la création d’un réseau écologique, les trames écopaysagères permettent de restaurer et protéger la biodiversité. En plus de la création d’un réseau de continuités écologiques dans les milieux terrestres, aquatiques et humides, ces trames ont également pour objectif de préserver les services rendus par la biodiversité (pollinisation, fertilisation des sols, …).
Le renforcement du maillage écologique est donc essentiel. Cela va demander l’implication de tous, chacun à son niveau. Mais le jeu en vaut la chandelle car l’effort commun peut contribuer à renforcer la diversité écologique de notre planète.
Spécialisés dans la conservation de la biodiversité, E-Biom et ses experts en écologie proposent leurs services aux pouvoirs publics mais aussi aux entreprises et architectes paysagers pour mettre en place diverses solutions destinées à protéger la diversité de notre faune et flore.
